promenade [libre]

Une lettre à la main, Sara marchait à vive-allure. Elle souhaitait lire cette lettre (que le réceptionniste de son hôtel lui avait donné en main propre le matin même) dans un lieu calme et tranquille. Tout d'abord, elle avait opté pour le parc. Mais elle s'était perdue.

Ne sachant pas trop où elle était, Mademoiselle Medisa faisait mine de visiter. Un dos nu rouge sang enveloppait son torse tandis qu'un pantalon cigarette noir s'occupait de ses fines et longues jambes. Elle observa quelques vitrines, dont celle d'une boutique qui vendait du thé, puis, fatiguée d'errer sans but depuis plus d'une demi-heure, alla s'asseoir sur un banc. Tout en s'asseyant, Sara s'alluma machinalement une cigarette. Elle ne fit pas attention à la fille à côté d'elle et se mit à lire la lettre silencieusement.

La demoiselle avait retiré en un lourd chignon ses boucles soyeuses où scintillaient des reflets d'or. Son regard concentré sur les phrases écrites s'illuminait d'un bleu outre-mer. Ses longs ongles soigneusement manucurés et vernis d'une laque transparente tenaient la lettre, l'enveloppe ainsi que la cigarette qu'elle portait souvent à ses lèvres finement maquillées de rouge. De longues et vaporeuses spirales de fumée en était alors expirées, comblant d'une touche sublime le charme déjà bien présent de la Lady.

La lettre en question provenait de son grand-oncle. Entre quelques nouvelles de la famille et de mots de félicitation sans importance, il lui indiquait qu'ils avaient bien reçu l'argent pour refaire la grande cuisine du manoir qui tombait en miette. Sara avait pu avec peine payer la rénovation après deux ans de travail intensif dans une ville plus au Sud de Kietsu en tant que gouvernante d'une petite auberge sans intérêt. Retroussant ses lèvres, Sara dévoila ses dents d'un blanc éclatant en un sourire satisfait, bien qu'elle sût qu'elle n'avait encore rien fait et que ce n'était pas suffisant. Il lui faudrait sûrement utiliser toute sa vie pour rétablir dans toute son intégralité la fortune familiale.

Songeuse, Sara referma la lettre, la rangea dans l'enveloppe avant de tirer une nouvelle bouffée sur sa clope. C'est seulement à ce moment-là qu'elle se rendit compte que le chuchotement qui la gênait depuis tout à l'heure était le son des écouteurs de sa voisine de banc. Celle-ci - Sara ne l'avait même pas remarqué tant elle avait été absorbée par sa lettre - fredonnait en même temps la chanson de son mp3, l'air totalement ailleurs. Sara l'observa un moment, un sourire mi-malicieux mi-moqueur inscrit sur ses lèvres, puis frôla le bras de celle-ci de son coude, simplement pour lui signifier sa présence et peut être engager la conversation.

Aléa se sentait bien, elle avait changé de ville, ne connaissait personne et se sentait parfois seule, mais elle était heureuse. C'était peut-être étrange, mais la jeune femme avait quelques chose de différent dans son coeur, comme si son passé était totalement oublié. Ce serait un miracle en effet.

La musique défilait dans ses oreilles, mais la fumeuse ne l'entendait plus, elle sortit son paquet de clope en prit une au hasard, et l'alluma avec son briquet noir totaelment banale. C'était pas bon pour la santé, mais c'était bon quand on ne savait pas quoi faire.

Les yeux fermé, la demoiselle aux cheveux noir, re-commencait à chanter légèrement n'entendant pas que quelqu'un était venu s'asseoir à ses côtés, de tout façon, Aléa s'en fichait comme de l'an quarante, si la personne à ses côtés voulait lui parler qu'elle le fasse.

Les paroles sortaient toutes seuls de sa bouche, la fumeuse sentit soudainement qu'on lui frôlait l'épaule, se retournant, elle enleva ses écouteures et arrêta la musique, souriant à l'inconnue.

-La fumée vous dérenges???

Toujours souriante, Aléa était prête à écraser sa cigarette. De toute façon, ça lui ferait moins de mal au poumon!

- Non, elle ne me dérange pas.

Sara afficha un sourire malicieux tout en montrant bien haut sa cigarette, l'air de dire "pourquoi ta fumée me gènerait alors que moi aussi je fume ?!". Ses yeux brillaient d'une lueur allègre tandis que sa main droite se promenait du bout des doigts sur la mince enveloppe posée sur ses genoux. Les boucles de ses cheveux, qui s'échappaient délicatement du chignon serré, sautillèrent doucement alors que leur propriétaire haussait doucement des épaules.

Elle promenait son regard sur les cheveux lisses et noirs qu'elle aurait aimé avoir, puis sur le noir d'ébène de ces yeux qui l'observaient eux aussi. Elle vit sa peau immaculée comme de la soie et ses lèvres fines et aussi rouge que les siennes... La jeune fille lui plût, lui rappelant sa jeunesse au manoir. Elle y avait connue une demoiselle ainsi, du nom de Blanche - elle portait bien son nom. Blanche, blanche, blanche et les cheveux si noirs. La Lady sourit à ce souvenir.

- Et la mienne vous dérange t-elle ? demanda t-elle châleureusement tout en mimant l'extinction de sa cigarette sur le banc.

Elle enchaîna, sûre de la réponse négative qui allait lui être donnée :

- Comment vous appelez-vous, mademoiselle ?

Et toujours ce sourire coquin accroché à ses lèvres charnues...

Aléa n'avait pas remarqué la cigarette, elle eut un petit sourire puis un petit rire, comme si elle se moquait d'elle-même, ce qui en fait était le cas. La jeune nippone détourna le regard, sur les gens qui passaient, il fesait beau et donc il y avait beaucoup de monde. Il y avait des enfants qui couraient un peu partout, cela exaspérait la brunette qui détéstait les enfants! Enfin, elle n'avait pas la fibre maternelle quoi!

Son regard se possa sur la jeune femme à ses côtés, elle avait des cheveux bouclés, cela devait être énervant il devait avoir plein de noeud, d'un côté Aléa était contente d'avoir des cheveux lisses quoi que parfois il y avait des gros noeuds.
-....

Elle sourit, elle n'avait pas eu le temps de répondre a la première question de cette jeune femme que déja, elle en posait une autre.

-Je m'appelle Aléa et vous? Non la fumée ne me dérenge pas merci..